Le coucher du soir est souvent une période difficile pour les parents mais pour les enfants aussi, ici sachez que nous parlons des enfants de 3 à 10 ans qui peuvent normalement s’endormir de manière autonome mais sans raison apparente, s’endorment seulement quand ils sont à bout d’énergie. 

Après une journée bien remplie, la fatigue se fait sentir, mais l’enfant semble avoir une énergie inépuisable. Il résiste, se relève sans cesse, réclame encore un câlin, une histoire, ou tout autre prétexte pour ne pas aller se coucher. Si cette situation devient un véritable rituel quotidien, c’est qu’il pourrait y avoir plus que le simple désir de « faire durer la journée ».
Et si cette difficulté était en réalité le reflet d’une mémoire familiale, d’un message inconscient que l’enfant cherche à exprimer ?

Les constellations familiales nous invitent à regarder au-delà de ce qui se joue dans le présent. Parfois, les comportements des enfants sont liés à des dynamiques invisibles, des mémoires non résolues issues des générations précédentes.

Je suis Edwige Machelard, j’ai à cœur d’accompagner chaque membre de la famille pour vivre une vie familiale en harmonie grâce à plusieurs méthodes, comme les constellations familiales. Je propose également une formation en constellations familiales en Bretagne et dans le Pays Basque. Aujourd’hui, on va parler de la lutte de certains enfants pour entrer dans le sommeil.

Le coucher, un moment symbolique de séparation

Le coucher n’est pas juste un simple rituel de fin de journée. Pour l’enfant, il représente une séparation. Se coucher, c’est lâcher prise, se détacher de ses parents et entrer dans l’inconnu du sommeil. Ce moment peut être particulièrement anxiogène pour certains enfants, qui, par amour, cherchent à éviter cette séparation.

Mais parfois, cette peur ne vient pas seulement de leur propre histoire. Elle peut être liée à des événements familiaux non résolus, des pertes anciennes, des traumatismes transmis inconsciemment. Et c’est ce qui se joue dans le silence, dans l’invisible, qui peut être mis en lumière grâce aux constellations familiales.

« Si je m’endors, peut-être que papa ne reviendra pas »

Je me rappelle de Lucie, qui était venue me consulter pour son fils Arthur, 5 ans à l’époque, qui refusait systématiquement d’aller se coucher. Chaque soir, les mêmes pleurs, les mêmes négociations interminables. Lorsqu’elle parvient enfin à le coucher, il se relève plusieurs fois dans la nuit pour vérifier si elle est toujours là.

Lors d’une constellation familiale avec son compagnon, il émerge que le père d’Arthur a perdu son propre père dans un accident de voiture lorsqu’il n’avait que 6 ans. Cette tragédie, bien qu’elle ait été enfouie dans le passé, n’a jamais été réellement abordée dans la famille. Arthur, sans le savoir, semble « rejouer » une forme de vigilance excessive, se disant inconsciemment : « Si je dors, quelque chose de grave peut arriver. Si je ne veille pas, je pourrais perdre mon papa. » 

En reconnaissant cette mémoire transgénérationnelle et en la mettant en lumière, la famille peut symboliquement guérir cette douleur. Le père d’Arthur, dans la constellation, exprime sa souffrance passée, ce qui permet à Arthur de se libérer de cette lourde charge émotionnelle. Il peut alors se coucher en toute sécurité, sans avoir à veiller sur un parent qui, aujourd’hui, est stable et en sécurité.

Quelques jours plus tard, Lucie constate un changement significatif : Arthur accepte de se coucher sans résistance et dort plus sereinement.

« Je dois veiller sur ma maman pour qu’elle ne soit pas seule »

Je me rappelle également de Cécile et son mari qui étaient épuisés par les réveils nocturnes de leur fille, Clara, âgée de 7 ans. Chaque soir, Clara résiste au coucher, refusant de s’endormir seule. Elle se réveille plusieurs fois dans la nuit en demandant de l’eau, des câlins, ou en évoquant des peurs vagues qu’elle n’avait pas auparavant. Cécile, inquiète, pense que sa fille traverse une phase d’angoisse ou qu’elle est particulièrement sensible à l’ambiance familiale.

Lors d’une constellation familiale, un élément refait surface : la mère de Cécile a traversé une grave dépression après la naissance de Clara. Durant cette période, Cécile s’est beaucoup occupée de sa propre mère, qui semblait fragile et perdue. Cette dynamique a engendré une sorte de responsabilité affective disproportionnée pour Cécile, qui a eu l’impression de devoir « sauver » sa mère.

Clara, de façon inconsciente, reprend ce rôle de gardienne émotionnelle. Elle perçoit sa maman comme fragile, et pour elle, le coucher symbolise un moment où elle pourrait « perdre » sa maman, cela se manifeste donc par une vigilance extrême et une résistance au sommeil.

En apportant cette compréhension à la famille, Cécile peut maintenant rassurer Clara, lui dire qu’elle est protégée, et surtout, lui permettre de reprendre sa place d’enfant. Clara peut ainsi dormir en toute sécurité, sans avoir à veiller sur une maman qu’elle ressentait vulnérable.

Personnellement, je me souviens que ma fille, alors qu’elle a fait ses nuits relativement tôt (quelques mois), s’est mise à se réveiller en hurlant 3 à 6 fois par nuit… au bout de plusieurs mois à me lever pour la rassurer, je n’en pouvais plus. Alors que j’étais en train de me former en constellations familiales, je pends soudainement conscience que lorsque je la couche dans son lit, j’ai comme un flash où je la vois morte… image complètement saugrenue que je chasse immédiatement, chaque soir. Je réalise qu’il y a peut-être un lien avec ses réveils nocturnes, et je me dis que ma grand-mère, qui m’a élevée, a peut-être eu ce regard sur moi lors du coucher, car je suis née 13 ans après le décès de sa fille (à 12 ans). Je fais immédiatement une CF sur le sujet, et une ou deux semaines plus tard, ma fille dormait paisiblement toute la nuit. 

Pour le coup, c’est plutôt moi, la maman, qui n’étais pas bien avec la séparation du coucher !

Quand l’enfant porte des mémoires invisibles

Dans ces exemples, on voit bien que les résistances au coucher ne sont pas simplement des comportements isolés, mais des réactions à des mémoires familiales non résolues. Les enfants peuvent inconsciemment porter les peines, les angoisses, ou les responsabilités de leurs parents et ancêtres. Ils essaient d’exprimer, de protéger, ou de réparer des blessures non guéries.

Les constellations familiales permettent de faire la lumière sur ces dynamiques invisibles. Elles offrent un espace sécurisé pour explorer ce qui n’a pas été dit, ce qui a été tu, ce qui demande à être reconnu. Et une fois que ces mémoires sont vues et réintégrées dans l’histoire familiale, l’enfant peut retrouver sa place d’enfant, sans avoir à porter des fardeaux émotionnels qui ne lui appartiennent pas.

Apaiser le coucher : redonner à chacun sa place

Le coucher peut alors redevenir un moment de transition paisible, un moment où l’enfant peut s’abandonner au sommeil en toute confiance, parce que ses parents sont dans une posture de sécurité émotionnelle. Le besoin de « garder » ou « de veiller » disparaît, et l’enfant peut enfin lâcher prise. Il sera surement nécessaire de le répéter chaque soir avant le coucher pendant un moment. Mais au fur et à mesure, les choses redeviendront simples (ou presque, les enfants sont pleins de surprises n’est-ce pas ?)

Si votre enfant refuse systématiquement d’aller se coucher, si chaque soirée devient un combat, cela peut être le signe qu’une mémoire familiale inconsciente cherche à être vue, reconnue et mise en paix. Les constellations familiales permettent de mettre à jour ces dynamiques invisibles et de restaurer l’ordre et l’harmonie dans le système familial.

Et si, derrière le refus de dormir, se cachait l’opportunité de guérir une histoire ancienne, de libérer l’enfant et les parents d’un fardeau invisible ?

Je vous invite à aller plus loin grâce à ma formation en constellations familiales en Bretagne et au Pays-Basque. Ou au sein de mon cabinet à Rennes et Saint-Jean-de-Luz.

📸 Photo de Richard Stachmann sur Unsplash